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Le Festival du Boom de l’E-bike – Part 2

Dans la première partie, nous avons reconnu les segments des vélos électriques dans trois régions différentes au monde (UE, États-Unis et Chine). Il est intéressant de noter que nous examinons trois perspectives différentes pour l’avenir du marché du vélo électrique dans ces pays. En raison de la crise du Covid 19, créant une frustration liée à la mobilité et développant une distanciation sociale parmi nous, de nombreuses personnes ont perçu les vélos électriques comme la meilleure solution pour rejoindre une destination plus rapidement et en toute sécurité. A première vue, l’e-bike rassemble de nombreux critères favorables à l’échelle de la demande actuelle des utilisateurs. Sa facilité d’utilisation, sa taille compacte, son faible coût d’exploitation, sa faible empreinte carbone, et sans aucune émission de gaz, sont autant d’atouts qui peuvent conduire à une décision d’achat.

Mais les mentalités ne sont pas les mêmes partout, les technologies développées sont orientées différemment, et les crises inattendues qui nous guettent, peuvent influencer sa future marche de progression.

En sachant aussi que les innovations technologiques et sociales apparaissent dans nos vies rapidement, créant de nouvelles utilisations et de nouveaux utilisateurs pour cette mobilité.

Pourtant, à une époque où les choses vont à pas de géant, changent vite et furieusement, imaginer ce qui nous attend semble prétentieux. Mais une prédiction raisonnable peut être envisagée.

Au coeur de la mobilité électrique

Dans un souci de la protection de santé (distanciation sociale) et de la conscience environnementale (changement climatique), aucun autre mode de transport n’a gagné une telle popularité en 2020 que le vélo et surtout le marché de l’e-bike.

Et pour le coup, il y a des chiffres qui ne mentent pas. D’après les chiffres et les perspectives de l’ECF (Fédération européenne des cyclistes),  » l’e-bike est le plus grand moteur de poussée du marché, enregistrant une vente de + 23 % entre 2019/2020 malgré la fermeture de nombreux magasins au printemps. D’ici 2030, les experts s’attendent à ce que les ventes d’e-bike atteignent 17 millions par an dans l’UE. » Aujourd’hui, les vélos électriques semblent être le pilier de l’industrie du vélo (50% des ventes totales étaient des vélos électriques en 2020), soutenus également par l’énorme potentiel des vélos cargo (électriques ou non), et le rôle qu’ils peuvent jouer dans le verdissement de nos villes.

Si l’évolution de l’E-bike 25 semble probable (urbaine, hybride, ou e-VTT), nous en sommes à sa première phase. Une nouvelle mobilité, dans son ensemble, est sur le point de voir le jour.

Parmi elles, la mobilité partagée en E-bikes, en constante expansion, accroîtra sa popularité au sein de la population. Simultanément, les vélos électriques Cargo  apparaîtront progressivement dans le paysage, que ce soit pour remplacer les camionnettes de livraison, bientôt impropres à circuler dans les centres-villes, ou comme véhicule personnel pour déposer les enfants à l’école et faire ses courses dans les magasins de proximité. Ce nouveau paysage de la mobilité est porteur d’une énorme promesse.

Nous, Européens, avec notre solide histoire du vélo, abordons les distinctions du S-pedelec 45 avec un regard plus sévère : sa vitesse élevée (45 km/h) ne correspond pas à une vitesse normale pour un vélo, et dans un contexte de préoccupations accrues en matière de sécurité publique, à moins que des vitesses spécifiques ne soient définies sur les pistes cyclables, les S-Pedelec 45 n’auront pas de fortes demandes à l’heure actuelle dans l’UE. Rajoutons à ça, ses contraintes liées à son homologation cyclomoteur qui peut susciter un frein à son achat.

En plus, en nature, ils entraîneraient un taux plus élevé de dégradations aux sentiers et à l’environnement. Les préoccupations environnementales élevées ne sont donc pas compatibles avec les S-Pedelec dans ce cas.

Mais de nombreux militants de l’industrie du vélo ou de la moto semblent pousser en leurs faveurs. Ils ont proposé à la Commission européenne de faire passer les S-pedelecs 45 de la catégorie des motos à celle des vélos, afin de soutenir la croissance continue de ce secteur introduite par l’accord vert européen. BMW a déjà présenté un Pedelecs à grande vitesse (à pédalage assisté) alias BMW I Vision Amby, avec un mode à 3 vitesses qui permettent de rouler soit à 25 km/h, soit à 45 km/h, ou à 60 km/h : chaque vitesse maximale est automatiquement sélectionnée par la reconnaissance du type de route via la technologie du geofencing. Défiant la catégorisation?

Aux États-Unis, où les plans des villes sont plus vastes, les distances plus grandes et les réglementations sur les vélos électriques moins strictes, le S-Pedelecs 45 pourrait trouver un créneau intéressant pour les vélotafeurs.

En Chine, le vélo électrique (type e-moped) n’a pas encore atteint les chiffres escomptés. On attend encore au cours des dix prochaines années qu’il continue de s’adresser à la limite la plus exclusive du marché de la bicyclette électrique. Même si certains administrateurs de ville les voient plutôt comme une menace d’encombrement des voies piétonnes (nous connaissons la même chose avec la trottinette en Europe), il n’en reste pas moins qu’il résout épisodiquement les problèmes de pollution et du trafic automobile. Cela ne veut pas dire qu’un type plus moderne d’e-bike ne garnira pas les rues ! Il pourrait apparaitre simplement avec un rythme plus modéré.

De nouvelles utilisations et de nouveaux utilisateurs

La mobilité est une liberté fondamentale dans la vie ! Rappelez-vous votre première fois, gamin, les stabilisateurs enfin enlevés sur votre premier vélo. Le lien était rompu. Nous avons tous eu le même sentiment de liberté: à partir de cet instant, nous avions la capacité, par nos propres moyens, de nous aventurer là où nous voulions.

Roulé sur une E-bike peut reproduire exactement la même sensation. Pendant la crise du Covid, de nombreuses personnes se sont accordé ce bonheur de remonter sur un vélo et ont retrouvé ce plaisir de liberté.

En conséquence, nous avons vu les centres-villes, où la place à la voiture est réduite d’année en année, accorder des espaces à de nouvelles infrastructures (espace piétonnier, pistes cyclables, espace vert) à l’intérieur de celles-ci, et embrasser l’inter-modalité (combiner différents modes de mobilité dans une expérience de déplacement) comme la meilleure solution à la pollution atmosphérique et sonore. Ce mouvement en cours focalise tous les espoirs, à des fins environnementales, pour réduire les émissions de dioxyde de carbone, de particules fines et d’autres polluants de ce type. Parallèlement à ces avantages, il contribue à une meilleure santé, à des trajets plus sûrs et à une meilleure qualité de vie pour les gens.

Depuis plus de 10 ans, nous vivons une accélération vertigineuse des innovations technologiques et sociales qui bouleversent nos habitudes et engendrent de nouvelles méthodes d’adaptations. Cela va si vite que parfois que nous n’avons pas le temps d’harmoniser leurs usages. Prenons l’exemple des emplois à distance. Ils font désormais partie de nos habitudes de travail. Cette innovation sociale soudaine rebat les cartes de la mobilité autrement ! Moins de déplacements pour se rendre au travail se transforme en plus de services de mobilité de livraison pour les amener chez nous. Un plus grand volume de mobilité peut apparaître, modifiant les capacités de charge des véhicules électriques et leurs fréquences de livraison.

Que vouloir de plus? Plus de technologie ?

Le passage des combustibles fossiles aux sources d’énergie renouvelables sera certainement le plus grand défi de notre siècle. La production électrique nécessaire dans les prochaines décennies sera en forte augmentation. En effet, aujourd’hui, la promotion de tout véhicule électrique est telle, qu’une énorme quantité d’énergie pourrait être nécessaire dans quelques années. Et nous n’avons toujours pas trouvé de solution pour combler le manque à venir. Si pour beaucoup la solution réside dans une ou plusieurs nouvelles technologies capables de fournir cette capacité électrique, l’autre serait de promouvoir des moyens d’auto-production créés par le mouvement du véhicule électrique, ou par l’installation de capteurs photovoltaïques générant son autonomie. Dans ce dernier cas, la différence serait énorme pour le développement de la mobilité électrique. Mais les vélos électriques resteront-ils alors à pédalage assisté ?

Depuis quelques années déjà, les centres des villes chinoises se transforment pour apporter une nouvelle approche de la mobilité à sa population. Le principal travail de la Chine en matière de mobilité verte repose sur la technologie. Bien que les technologies pour les E-bikes qui y sont développés visent principalement à satisfaire le marché européen et nord-américain. Sans grande passion historique pour le vélo (même si c’est en Chine que l’on compte le plus de vélo et de vélo électrique) l’E-bike reste pratique et économique pour la plupart des personnes qui souhaitent se déplacer.

En Chine, la R&D sur la mobilité est engagée, motivée et efficace pour faire face à l’augmentation de la population des villes: celle de la mobilité autonome. Le véhicule autonome va probablement déplacer une part substantielle du segment de la mobilité au détriment de la propriété, réduisant ainsi le nombre de voitures. Soutenu par une forte connectivité et sans se soucier de la vie privée ou des droits civiques, la reconnaissance faciale ou d’autres formes de connectivité personnelle sont des pratiques courantes, qu’il s’agisse de payer une facture, d’ouvrir la porte de son appartement ou de prendre un vélo en libre-service. Entre véhicule autonome et forte connectivité, le futur de la mobilité en chine est tracé, délaissant tout intérêt pour le marché du vélo électrique Chinois.

T’es sérieux ?

Avant, nous étions amoureux de la vitesse, maintenant nous sommes pris par vitesse.

Remarquez que nous voyons se creuser un fossé, jour après jour, dans nos vies, entre ce que notre société produit et ceux qui y vivent. Dès qu’une éducation est acquise pour un emploi, elle est déjà dépassée avant d’arriver sur le marché du travail, ou pire, les compétences obtenues ne sont plus demandées. L’obsolescence fait partie intégrante de notre vie quotidienne, tout comme les équipements numériques que nous possédons, qui doivent toujours être mis à jour. La connectivité dans notre société est dans l’air du temps : maison, supermarché, frigo, voiture… tout est connectable. Nous pouvons comprendre l’enthousiasme des fabricants de vélos électriques à suivre cette tendance et de les attribuer à leurs produits.

Cependant, ne vous êtes-vous jamais sentis lésés par l’abondance de mise à jour nécessaire, de dépannages à résoudre pour vos mobiles, ordinateurs ou applications ? Aujourd’hui, inconsciemment et à cause de nos routines, vous diriez non immédiatement. Mais au moment de l’utilisation, lorsque nous sommes confrontés aux rituels des complications informatiques, une lassitude ne s’empare-t-il pas en nous, espérant les éviter ou de ne pas les avoir?

Nous pouvons craindre que ces technologies sur la connectivité ne deviennent trop anxiogènes et compliquées pour les gens. La déconnexion, n’est-elle pas le but ultime dans une sortie en vélo?

Pour le reste, si l’électricité sur un vélo électrique devient la principale source d’énergie pour faire fonctionner l’assistance au pédalage, le changement de vitesse, ou pour enclencher la sécurité antivol, peut-on se demander comment nous pourrions le faire fonctionner si une crise de l’énergie survient ou l’électricité s’avère inabordable ou indisponible ? Sans parler bien sûr des batteries où le sujet de son recyclage est encore à résoudre (même si des programmes de son recyclage sont en marche).

Derrière sa volonté de promouvoir une transition énergétique et une mobilité douce contribuant à un meilleur environnement, l’E-bike peut-il trouver une conscience minimaliste, loin d’une surenchère informatique, essentiellement rythmée par une production raisonnée pour maintenir cette image environnementale ? En prétendant lutter contre l’insensibilité de l’ère des énergies fossiles, l’E-bike ne se débarrasse-t-elle pas de sa principale sensibilité qui était à la base sa simplicité de fonctionnement et son côté écolo? 

L’engouement pour l’E-bike, comme toute mobilité douce, s’est installé au cœur des préoccupations environnementales et sanitaires du moment comme un salut. Cet engouement naissant concentre désormais tous les activistes sur le développement de nouvelles fonctionnalités ou de nouvelles technologies de connectivité. De nouvelles infrastructures permettant leurs utilisations en toute sécurité se sont multipliées. Mais nous savons déjà que la transition énergétique à venir sera punitive. Cette transition pourrait changer l’avenir de nos vélos électriques. Ballotés entre l’angélisme de ses vertus d’aujourd’hui, le radicalisme de sa dépendance énergétique future, ou le catastrophisme possible des crises à venir, le spectre du possible est vaste concernant sa situation et sa pérennité future. Aujourd’hui, nous comprenons que les vélos électriques et les vélos normaux sont proches dans leur fonction et leur fonctionnement. À l’avenir, cependant, l’écart pourrait progressivement se creuser au point que nous n’aurions peut-être plus besoin de pédaler pour assister son moteur ! Les catégories établies aujourd’hui ne seront surement pas les mêmes demain. Et nous pourrions ne plus les classer dans la catégorie des vélos. Les modes de vie des gens vont changer et d’autres mobilités vont émerger pour satisfaire leurs besoins. Une partie de la liberté que vous avez ressentie ce jour-là, sur votre premier vélo sans stabilisateurs ne se reproduira peut-être plus. Ou d’une autre manière !